jeudi 30 mai 2019


Cinémas du Monde



BURNING de Lee Chang Dong - Corée - 2018





Disons le d'emblée,  je considère le cinéma asiatique comme le plus le plus intéressant et le plus créatif au monde, et ce film extraordinaire qu'est "Burning" a encore conforté ce sentiment.



Jong-Su, jeune homme vivant de petits travaux précaires, admirateur de William Faulkner, épris de littérature, et aspirant à devenir écrivain, rencontre par hasard une ancienne voisine et amie d'enfance, Haemi. Il  tombe amoureux de cette jeune fille énigmatique, qui le quitte assez vite pour partir en voyage en Afrique, tout en lui confiant son chat. A son retour, elle lui présente Ben, un ami qu'elle prétend avoir rencontré à l'aéroport, sorte de dandy mystérieux, calme et bienveillant, riche et oisif. Il s'ensuit entre les jeunes gens une relation triangulaire où tout repose sur le non dit, et qui oblige Jong-Su à faire bonne figure envers Ben, lequel fait preuve de désinvolture et de cynisme, mais aussi d'un comportement inquiétant, dans une scène clé du film, où il révèle un aspect dangereux de sa personnalité.





L'histoire prend alors une nouvelle dimension lorsque Haemi disparaît soudainement et que Jong-Su part à sa recherche. Pour préserver l'intérêt du spectateur, je n'en dirai pas plus sur le déroulement de l'action qui prend un tour maléfique, où se joue une certaine forme de lutte des classes, entre Jong-Su, garçon pauvre mais cultivé, issu d'un village de la campagne, proche de la Corée du Nord, et Ben, citadin très aisé, manipulateur en apparence amical, véritable incarnation du mal, qui plane en permanence durant tout le fil du récit.






A travers ce duo, où l'on voit la spontanéité et l'honnêteté de l'un, affronter la sophistication et la perversité de l'autre, par le biais de la personnalité d'Haemi, jeune fille sensible et intelligente, mais partagée dans ses aspirations, le réalisateur nous montre aussi la réalité sociale coréenne, celle notamment d'une certaine jeunesse aux prises avec la déstructuration familiale.






Ce très beau et très grand film est admirablement interprété par ses trois jeunes acteurs, Yoo Ah In dans le rôle de Jong-Su, Jeon Jong-Seo dans celui de Haemi, et Steven Yeun dans celui de Ben. Le cinéaste coréen Lee Chang Dong, qui nous avait déjà donné le très beau "Poetry", a réalisé là, à mon sens, un pur chef d'oeuvre, tant sur le fond que sur la forme, lequel a cependant laissé parfaitement et inexplicablement de marbre les jurés du Festival de Cannes 2018, qui ne lui ont décerné aucune récompense, mais est-ce si étonnant ...




"Burning", l'extraordinaire richesse du cinéma asiatique à son apogée.













Christine Filiod-Bres
mai 2019






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