Juliette Récamier
L'Art de la séduction
de
Catherine Decours
Joseph Chinard - Buste de Juliette Récamier - Musée des Beaux Arts de Lyon
Catherine Decours, historienne, nous livre ici un point de vue très intéressant sur "La belle des belles", respectueux, mais point hagiographique, nuancé et subtil.
Chromolithographie de Juliette Récamier publiée à New-York en 1857 |
Une étude qui, grâce à l'analyse approfondie des archives et à la grande connaissance du contexte historique, a le mérite d'éclairer certaines zones d'ombre attachées à la célèbre lyonnaise. En effet, la pratique historienne de Catherine Decours, nous montre que bien des précédents ouvrages consacrés au même thème, avaient tendance à céder davantage aux envolées lyriques, au détriment de la réalité historique, notamment en ce qui concerne la naissance de Juliette Récamier, et les différents commérages colportés par certains membres assidus, des brillants salons qu'elle a animés durant une grande partie de sa vie.
Deux robes de Juliette Récamier |
Elle n'est également pas dupe de la grande séductrice que fut Mme Récamier, une des femmes les plus admirées de son temps, et attire l'attention sur l'aspect quasiment pathologique de sa coquetterie, souvent source de complications dans les relations humaines et affectives qu'elle entretenait avec son entourage ; mettant celle-ci sur le compte d'un mode de défense et de réaction, face à son mariage très précoce avec un homme bien plus âgé qu'elle, pour lequel elle n'éprouvait qu'une affection respectueuse. Mais ce portrait nous dit également que cette coquetterie était amplement contrebalancée par les grandes qualités humaines de Juliette Récamier, son infinie loyauté en amitié, sa fidélité et son courage dans bien des circonstances, notamment sur le plan politique.
Pantoufle ayant appartenu à Juliette Récamier |
L'auteur fait également preuve d'une grande humilité en précisant toujours, qu'en l'absence de documents et d'éléments probants, mieux vaut reconnaître que l'on ne sait rien et qu'il en sera toujours ainsi, ce qui confère au sujet que l'on traite, une part de mystère.
Le salon de Juliette Récamier à l'Abbaye-aux-Bois |
Enfin, le grand intérêt de cet ouvrage, écrit, il est important de le dire, dans un très beau style, ce qui en fait une lecture vraiment agréable, est qu'il brosse le formidable portrait d'une époque avec en arrière plan l'analyse fouillée de la personnalité de Madame de Staël, amie fidèle et tourmentée, de Napoléon, de Benjamin Constant, de Chateaubriand, dont il semble qu'il fût le seul amour véritable de Mme Récamier, et de quelques lyonnais qui lui furent très attachés comme Simon Ballanche et Camille Jordan, entre autres.
Claire Basler |
Le mot de la fin revient à Juliette qui, se souvenant des derniers moments de sa jeunesse à Lyon, au sortir du Couvent de la Déserte, avant de rejoindre Paris et le fol avenir qui allait être le sien, écrivait : "Je quitte à regret une époque si calme si pure pour entrer dans celle des agitations. Elle me revient quelquefois dans un vague et doux rêve avec ses nuages d'encens, ses cérémonies infinies, ses processions dans les jardins, ses chants et ses fleurs."
Christine Filiod-BresCatherine Decours |
Vert Céladon - 29 octobre 2016
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