Anita BROOKNER
Loin de soi - Anita BROOKNER
Parmi les romancières de langue anglaise, Anita Brookner est certainement ma préférée.
Elle n'a pas le souffle d'une Doris Lessing ou la singularité d'Iris Murdoch, mais j'éprouve pour elle une grande tendresse, et son oeuvre me touche profondément.
Sa finesse d'observation, ses personnages souvent en retrait, en font une remarquable analyste des rapports humains. La notion d'effacement est un des thèmes majeurs de son oeuvre. Elle n'a pas son pareil pour nous décrire de manière très sobre, ces hommes, mais le plus souvent ces femmes, rêveuses et solitaires, qui passent à côté de leur vie de manière inéluctable et tragique.
Mais point de dramaturgie chez Anita Brookner, le malheur est discret et ne dérange personne. Ses héroines voudraient tant qu'on les regarde, mais elles ne pourront jamais entrer dans la lumière, parce que les dés sont pipés dès le départ, que rien ne leur appartient, et surtout, on ne les laissera pas faire.
On pourrait la rapprocher de l'autre très grande anglaise qu'est Jean Rhys, dont les héroïnes, déclassées et énigmatiques, nous émeuvent par la violence de leur malheur, mais chez Brookner, si la société s'emploie à broyer certains individus, elle le fait en demi-teinte, l'air de rien, mais le résultat en est tout aussi pathétique. Les romans d'Anita Brookner sont comme une "cup of tea", mais sans sucre.
Née en 1928, décédée en 2016, Anita Brookner était Historienne d'art. Spécialiste de la peinture française du XVIIIe et du XIXe siècle, elle a publié des monographies sur Watteau et Greuze et a écrit sur Jacques-Louis David. Elle fut la première femme à occuper la chaire des Beaux Arts de l'Université de Cambridge. Titulaire du prestigieux Booker Prize pour son roman "Hôtel du lac", la plupart de ses livres sont traduits en français.
Christine Filiod-Bres
Vert Céladon
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
Supprimer