mercredi 30 octobre 2013

Littérature - Le Surintendant Fouquet





Le Surintendant Fouquet
Plus dure sera la chute ...



Nicolas Fouquet - 1615 - 1680





A propos du "FOUQUET"

de Jean-Christian PETITFILS


"Que no ascendet". "Jusqu'où ne montera-t-il pas ?"




Telle était la devise de la famille Fouquet. Nicolas Fouquet l'avait admirablement fait sienne, mais il est cependant bel et bien descendu, et de la plus expéditive des manières.

Comme l'a si bien dit Paul Morand : "le 17 août à six heures du soir, Fouquet était roi de la France, à deux heures du matin, il n'était plus rien."

La remarquable étude biographique de Jean-Christian Petitfils, nous livre l'histoire de l'irrésistible ascension de ce fils d'armateurs bretons, qui après avoir traversé sans encombres, les terribles soubresauts de la Fronde, grâce à son intelligence, sa science de la finance, aidé par son entregent, son goût de la manipulation des individus, s'est enrichi  en devenant le plus proche collaborateur du Cardinal Mazarin, alors chargé de l'éducation du jeune Louis XIV, et tout puissant dans le royaume de France.

Nommé Surintendant des Finances, il acquiert une fortune considérable en instaurant un système de réseaux, dont l'auteur nous décrit les infinies ramifications, faisant la pluie et le beau temps sur la distribution des charges et l'octroi des postes, se constituant ainsi une forme de cour avec ses obligés et ses flatteurs. Protecteur des arts et des lettres, Fouquet finance nombre de poètes et musiciens, dont La Fontaine, Molière, Corneille, Lully, Le Nôtre ... qui célébreront sa gloire.

A la mort de Mazarin, il espère devenir le Premier ministre de Louis XIV. Celui-ci en décide autrement, informant de manière laconique et définitive son gouvernement, que c'est lui, désormais, par le truchement de Colbert, qui assumera personnellement les finances et les affaires du royaume, marquant ainsi sa prise de pouvoir absolu, laquelle allait avoir l'influence que l'on sait sur le destin de la France.

C'est le début de la chute du Surintendant, qui, entre temps, avait fait construire, le magnifique château de Vaux-le-Vicomte, où Louis XIV, invité un jour de 1661, au cours d'une fête somptueuse, décida, en son for intérieur, du sort de celui qui avait osé défier, par son rayonnement, celui qui n'était pas encore le Roi Soleil, mais qui, par ce geste fondateur, allait le devenir.

Château de Vaux le Vicomte

Arrêté le 5 septembre 1661, par d'Artagnan, le héros d'Alexandre Dumas, lequel est personnellement missionné par le roi, il est conduit en prison dans l'attente d'un procès instruit à charge par Colbert, pour malversations sur les finances du royaume, le roi et Colbert, ayant pris soin de nommer une cour d'ennemis personnels de celui qui n'est déjà plus le Surintendant.

Les ficelles de l'accusation sont cependant très grosses, et le tribunal spécial a toutes les peines du monde à prouver la culpabilité de Fouquet, qui se défend remarquablement, faisant jouer ses réseaux et sa famille, dont la Marquise de Sévigné, qui lui restera fidèle jusqu'à la fin.

Malgré tout, la cour spéciale condamne Fouquet au bannissement, à celui de sa famille, et de certains de ses amis, et à la déchéance de ses biens. Mais Louis XIV, craignant ses réseaux d'influence, et souhaitant l'empêcher de nuire définitivement, use de son droit régalien, et aggrave la peine en prison à perpétuité.

Louis XIV

Il est conduit, toujours par d'Artagnan, au Donjon de la forteresse de Pignerol dans les Alpes, où Il meurt le 30 avril 1680, après  de longues et rudes années de captivité.

L'intérêt de l'ouvrage de Jean-Christian Petitfils, réside dans le fait qu'il brosse, d'une part, le portrait d'un personnage considérable, par l'ampleur de son rayonnement, basé sur l'édification d'un système financier, complexe et pervers, ainsi que celui d'une époque et d'une société, où la bourgeoisie et la noblesse semblent exclusivement préoccupées de l'accroissement de leurs fortunes respectives, par le biais de l'achat de charges, véritable obsession, de terres, et de l'arrangement des mariages, permettant ainsi l'accroissement des biens.


L'ascension sociale comme fin en soi, pour la bourgeoisie, jusqu'à sa prise du pouvoir lors de la Révolution française, et la tentative de conservation de ses privilèges par la noblesse.

Nicolas Fouquet, un personnage très français, novateur dans son fonctionnement, mais au tempérament aventurier, manipulateur et cynique, dont l'ascension et la chute  devraient faire réfléchir sur la capacité de tout pouvoir politique, à détruire ceux qu'il a élevés, pour mieux les faire déchoir.


Christine Filiod-Bres
22/12/2013



FOUQUET
Jean-Christian Petitfils
Collection Tempus - Poche  





   




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