Rien ne s'oppose à la nuit
Delphine de Vigan
"Prends garde à la douceur des choses". Le beau poème de Paul-Jean Toulet pourrait être la métaphore parfaite pour évoquer le beau livre qu'est "Rien ne s'oppose à la nuit".
Delphine de Vigan avait déjà fait forte impression avec "Les heures souterraines", où elle évoquait le terrible problème du harcèlement dans l'entreprise, et j'ai retrouvé cette même émotion dans ce dernier roman, singulier et pénétrant jusqu'à l'os.
Chronique familiale, des années cinquante à nos jours, à travers le portrait magnifique d'une mère, victime de la maladie bipolaire. L'auteur, qui raconte sa propre histoire, nous dit qu'il faut se défier de ces familles joyeuses, où tout semble parfait, car chacun sait que les apparences sont trompeuses, et l'enfer souvent pavé de bonnes intentions.
Le récit nous démontre aussi que nous ne sommes pas toujours les artisans de notre destin, que l'individu est souvent le produit de son époque, de la société où il vit, et que nous nous rejoignons tous dans ce maelström qu'est notre présence en ce monde.
Un livre très fort, un livre d'amour et de mort, comme il y en a peu, mais de vie aussi, la vie qui est là, dans son horreur et sa beauté. Une oeuvre dont on ne sort pas indemne, mais c'est le prix à payer pour s'approcher de la littérature, et il ne faut pas craindre de se brûler à sa flamme.
Delphine de Vigan
Editions J.C. Lattes
Le livre de poche
Christine Filiod-Bres - 14.03.2013
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