mercredi 26 février 2014

La vie domestique - Un film de Isabelle Czajka







La vie domestique
Un film de Isabelle CZAJKA




Faut-il d'abord penser à soi, et s'affranchir des contingences sociales, pour réussir sa vie ?


C'est la grande question que pose le film "La vie domestique" de Isabelle CZAJKA, inspiré par le roman de Rachel CUSK "Arlington Park".


La réalisatrice nous donne à voir l'angoisse existentielle qui s'empare parfois, voire souvent, de quatre jeunes femmes, toutes mères de famille, habitant dans une de ces banlieues résidentielles, taillées au cordeau par des architectes urbanistes, au service d'une moyenne bourgeoisie, qui a déserté Paris pour une certaine qualité de vie, au milieu d'espaces verts et d'équipements collectifs, censés correspondre à un mode de vie plus ou moins idéal.


Le film s'attache plus particulièrement à l'une de ces femmes, Juliette, magnifiquement incarnée par Emmanuelle DEVOS, qui démontre une fois encore, son talent de comédienne. On la suit au cours d'une soirée mémorable, lors d'un dîner, où elle se rend compte qu'elle n'est pas à sa place, mais qu'elle subit, à l'incitation de son mari, lequel s'y ennuie tout autant, mais qui, pragmatique, y trouve un intérêt professionnel bien compris. Ce dîner sera le déclencheur de ses interrogations sous-jacentes, et des non-dits qui affectent sa vie de couple.


L'action du film nous renseigne assez bien sur ce que les tenants de la sociologie appellent le lien social, et ses règles établies, façon "Desperate housewiwes, qui régissent la vie des habitantes de ces lotissements, où l'on s'invite pour un petit déjeuner, après avoir conduit les enfants à l'école, et où la vacuité des propos tenus, n'a d'égale que l'idée du paraître, et de faire bonne figure, envers et contre tout, et ce, dans des salons aseptisés, copiés sur les magazines de décoration, où ne manquent pas une chaise Barcelona ni un canapé Ikéa.






Juliette, qui, en attendant un hypothétique poste dans une maison d'édition, anime un atelier littéraire auprès de jeunes filles, lesquelles n'ont que faire de la littérature, essaye de faire passer, dans une jolie scène de lecture, la magie d'un extrait de "La promenade au phare" de Virginia Woolf, mais où il est clair que même si ses élèves l'apprécient, et semblent lui vouer une certaine affection, le fossé est immense et ne se comblera pas.


La pression sociale, qui est à l'oeuvre dans sa vie, et dans laquelle elle se débat confusément, de même que les jeunes femmes qu'elle côtoie, est l'autre grand thème de ce film, où l'on verra qu'elle peut parfois se révéler terriblement dévastatrice.


Pour préserver l'intérêt du déroulement du film, je n'irai pas plus loin dans son évocation, si ce n'est pour saluer la prestation de chacune des actrices, Julie Ferrier, Natacha Régnier et Helena Noguerra, que l'on voit évoluer dans leurs univers respectifs, et à la fois si semblables. Les personnages masculins sont un peu plus en demi-teinte, mais illustrent fort bien, et de façon assez intéressante, la manière ô combien différente, qu'ont les hommes de percevoir les relations de couple et la vie en général. A noter également, une scène assez époustouflante, où Marie-Christine Barrault, dans le rôle de la mère de Juliette, fait de sa vie un bilan d'une lucidité absolument cynique et décapante.


Un film sans concessions, qui nous donne à réfléchir sur ce que nous voulons faire de nos vies, et comment parvenir à conjuguer la réalité, avec ce qui a pu, ou pourrait être un certain idéal.











Christine Filiod-Bres
26/02/2014


La vie domestique
de Isabelle CZAJKA
En DVD





   





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