lundi 30 septembre 2013

Musique













Atys - Jean-Baptiste Lully - Direction William Christie


ATYS

 Jean-Baptiste Lully


Dormons
Dormons tous

Que le repos est doux
Régnez divin sommeil

Régnez sur tout le monde
Répandez vos pavots les plus assoupissants

Calmez les soins
Charmez les sens

Retenez tous les coeurs dans une paix profonde
Ne vous faites point violence
Coulez, murmurez clairs ruisseaux

Il n'est permis qu'au bruit des eaux
De troubler la douceur
D'un si charmant silence

Dormons, dormons
Que le repos est doux


Air du Sommeil

Atys - Jean-Baptiste Lully - Direction William Christie - Paul Agnew (Le sommeil) - Cyril Auvity (Morphée) - Callum Thorpe (Phobetor)




Jean-Baptiste Lully - 1632 - 1687

William Christie

De tout, un peu ...






Une certaine qualité de gentillesse est toujours signe de trahison.


François Mauriac
"Le noeud de vipères"



François Mauriac - 1885 - 1970




François Mauriac devant sa maison de Malagar en Gironde



Josquin des Prez - Mille regretz - Ensemble Clément Janequin


Christine Filiod-Bres - 30 septembre 2013

jeudi 26 septembre 2013

Littérature




L'heure du choix
de 
Rémy BRAUNEISEN


Les ruptures sentimentales ont ceci de salutaire, qu'elles permettent de faire le point sur une vie, et quand on parvient à les surmonter, de s'apercevoir que le vaste monde est peuplé de gens qui nous attendent et n'auront de cesse de tenter de nous rendre un peu plus heureux. De même que cet entre-deux de la souffrance permet parfois  de découvrir que notre histoire personnelle a partie liée  avec ceux qui nous ont précédés.

C'est ce qui arrive à Michel, le narrateur de "L'heure du choix", lorsqu'il découvre, à son retour en Alsace, sa région d'origine, des documents ayant appartenu à son grand-père Heinrich Braun, qui combattit dans les rangs allemands, durant la première guerre mondiale.

Fasciné par tous ces souvenirs, il prend conscience qu'il ne savait  pas grand chose de ce grand-père, dont tout un pan de son existence lui avait échappé, qu'un respect distant, et l'insouciance propre à l'enfance et l'adolescence, l'avaient empêché de mieux connaître les années terribles qu'il avait vécues, durant la grande boucherie que fut la guerre de 1914-1918, tant du côté allemand que français.

Une des phrases les plus importantes du roman, qui nous livre sans doute la clef de la démarche du narrateur, est sa réponse à la question que lui pose le photographe qui l'accompagne,  sur les traces des lieux traversés par Heinrich durant la guerre : "Pourquoi fais-tu tout cela ? Difficile à dire, il ne faut pas toujours trouver une raison rationnelle, la curiosité au départ,  il me semble que cela devait être fait tout simplement. Ensuite, Heinrich, mon grand-père, je l'ai accroché au dernier moment, presque par hasard, alors qu'il passait devant moi, emporté par le courant du temps. La, je le maintiens à bout de bras, il suffirait que je lâche un instant pour qu'il file à jamais, pour que sa mémoire soit perdue pour toujours."


Ce sentiment d'une mission, à laquelle Michel ne saurait échapper, va le conduire sur les traces du périple incroyable accompli par Heinrich, sur les routes des fronts où il combattit, en Allemagne, en France, en Russie et en Roumanie.

La vie dans les tranchées, même si on la connait par les livres, les documentaires, les films qui l'ont relatée, est ici dépeinte de manière saisissante. On y voit tomber toute une génération, dans la boue, le sang, le bruit et la fureur, vaincue par ces "Orages d'acier" si bien évoqués par Ernst Hünger. La bataille de Notre Dame de Lorette, face aux troupes françaises, est le théâtre d'un épisode dramatique pour Heinrich, lequel, trébuchant  pendant l'assaut, et incapable de récupérer son fusil, car blessé aux doigts, se voit menacé par un officier, qui lui ordonne, en l'insultant de manière infâme, de se relever, sous peine d'exécution sommaire. On a ici une idée des terribles conditions vécues par ces jeunes hommes, considérés par les gouvernants, et les états-majors des deux camps, comme de la chair à canon, ce qu'ils furent.

Le grand mérite de "L"heure du choix", réside aussi dans le fait qu'il nous éclaire sur les soubresauts complexes de l'histoire de l'Alsace qui, il faut bien le reconnaître, est assez méconnue d'une bonne partie des français. Je ne me souviens pas qu'on l'ait jamais évoquée dans mes livres d'histoire, à l'époque où elle s'enseignait encore, et où l'on voit que le rattachement à la France s'est fait dans la douleur, et au prix de renoncements pour bon nombre de populations ; l'état français, dans sa simplification centralisatrice, s'étant comporté de manière assez brutale.

Cet éclairage n'est pas le seul, puisque Michel, toujours sur les traces des fronts de guerre où passa Heinrich, est conduit en Biélorussie, et notamment à Tchernobyl, qui fut, comme chacun sait, le théâtre de la plus grande catastrophe nucléaire de ces dernières années, et dont les développements n'ont pas fini de rejaillir encore, et pour très longtemps, sur les populations de ces régions. C'est ainsi qu'il est amené à rencontrer la jeune Irina, journaliste contestataire, aux prises avec les difficiles suites de la fin de l'Union soviétique. Cette rencontre marquera pour le narrateur, l'avènement d'un renouveau sentimental, marqué cependant par les difficultés engendrées par les positions jugées dangereuses, prises par la journaliste.


Une autre histoire d'amour, avec Nadja, avocate allemande, également impétueuse, viendra troubler ce duo déjà fragile et entraînera le lecteur dans une sorte de ménage à trois, qui n'est pas la  partie la plus intéressante du roman, même si cet épisode illustre sans doute les atermoiements du coeur de cette génération, débarrassée des inhibitions, tant morales que sexuelles, de celle de ses pères, aux prises avec des choix qu'elle a parfois du mal à faire, mais qui, on le verra, se feront malgré tout sous la pression des événements.

Cette évocation est aussi l'occasion pour le narrateur, de faire un bilan très sévère, de ce que fut la tragédie de la guerre de 1914-1918, de l'attitude de certains généraux, en passant pas la description du charismatique général Ludendorff, chef des forces armées allemandes, aux prises avec ses pairs, pour faire reconnaître ses positions, et qui, dans une lettre de 1927, restée célèbre, au Chancelier Hindenbourg, ayant appelé Hitler au pouvoir, se révèlera visionnaire, sur l'avenir funeste de l'Allemagne. Le drame de tous ces héros obscurs, ces sans grade, qui sont tombés au champ d'honneur, ou qui sont revenus, comme Heinrich, marqués à jamais par cette horrible expérience, est également remarquablement analysé. On verra aussi que Heinrich, au cours d'un séjour à l'hôpital, fait la rencontre de la jeune et émouvante Emma, sorte de petite Rosa Luxembourg, enjouée et idéaliste, qui lui fera découvrir que la politique est aussi une manière de faire la guerre par d'autres moyens, dans une Allemagne qui ne va pas tarder à sombrer dans des événements dramatiques qui prépareront l'avènement du nazisme.

Enfin, c'est aussi un moyen pour le héros de faire le point sur ses convictions et son engagement européen, que l'on sent mis à mal par les dérives, tant économiques que politiques,vécues par les nations européennes ces dernières années. L'enthousiasme et l'idéal auxquels il s'était attaché, sont battus en brèche, et il est permis de se demander ce qui pourrait bien lui redonner espoir.

"L'Heure du choix", un roman édifiant, de la grande et de la petite histoire des hommes.

L'Heure du choix
Rémy Brauneisen
Editions du Levant d'Hiver






Christine Filiod-Bres
septembre 2013    


mercredi 25 septembre 2013

Mon carnet de Haïkus




Soudain l'air est si froid

La presque nuit

Silence absolu de l'éclipse


Christine Filiod-Bres
septembre 2013

David Inshaw - "She did not turn" - 1974


Arnold Schoenberg - "La nuit transfigurée" - Pierre Boulez

samedi 21 septembre 2013

Mon carnet de Haïkus










Les yeux grands ouverts

Le tic tac agaçant

Nuit de pleine lune





Photo Patrick Viron




Ludwig van Beethoven - Sonate au clair de lune - Arthur Rubinstein



Christine Filiod-Bres
septembre 2013

vendredi 20 septembre 2013

Poésie










Ceux qui aiment les petites choses



Ceux qui aiment les petites choses
Les petits films, les petits livres
Les petites folles, les petites saintes


Ceux qui aiment les petites phrases
Les petits seins, les petits coeurs
Les petits noeuds, les petites boîtes


Ceux qui aiment les petits maîtres
Les petits chats, les petits chiens
Les petites fleurs, les petits fours


Ceux qui aiment les petits airs
Les petits ponts, les petits rats
Les petits riens, les petites claques


Ceux qui aiment les petits sous
Les petits mots, les petits singes
Ceux qui aiment les petites choses



Christine Filiod-Bres
20 septembre 2014













jeudi 19 septembre 2013

Littérature


Lettre de rupture



Gustave Flaubert - 1821 - 1880 


A Louise Colet

Paris, le 6 mars 1855


Madame,

J'ai appris que vous vous étiez donné la peine de venir hier, dans la soirée, trois fois chez moi.

Je n'y étais pas. Et dans la crainte des avanies qu'une telle persistance de votre part, pouvait vous attirer de la mienne, le savoir-vivre m'engage à vous prévenir : que je n'y serai jamais.

J'ai l'honneur de vous saluer.

Gustave Flaubert




L'ermite de Croisset n'était pas un sentimental. Après plusieurs années de liaison et de correspondance avec Louise Colet, sa maîtresse, Flaubert rompt très brutalement, et lui signifie son congé.


Désormais, totalement accaparé par l'écriture difficile de "Madame Bovary", qui requiert tout son temps et toute son énergie, et agacé par les aspirations poétiques et intellectuelles de Louise, il se saisit du premier prétexte venu, et  la rejette sèchement, jugeant ses textes trop mièvres et trop "féminins". Une des dernières lettres qu'il lui adresse, est  un modèle de relation du maître et de l'élève, où dans le texte que lui soumet Louise, rien ne trouve grâce à  ses yeux, il lui renvoie sa copie, sans ménagement, annotée de maintes remarques cyniques sur le style de sa prose.


Pauvre Louise, le choc a dû être rude pour cette muse, qui tenait salon à Paris, mais qui s'est tout de même consolée plus tard avec d'autres poètes, comme Musset et Vigny ; car passe encore de se faire congédier par un amant, ce dont on se remet, mais se faire tancer comme une écolière, quand on est une femme accomplie, n'est jamais agréable.



Louise Colet - 1810 - 1876



Elle n'avait hélas pas compris que, lorsqu'on s'éprend d'un écrivain, et que l'on a soit même des prétentions littéraires, mieux vaut aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte, et suivre sa voie sans rien attendre de personne, tant il est vrai qu'il ne peut y avoir de place pour deux crocodiles dans le même marigot.


Flaubert, qui a créé un certain archétype féminin, en la personne de "Madame Bovary", avait pour son personnage une certaine indulgence, qu'il n'a pas manifestée à l'égard de Louise, c'est le moins qu'on puisse dire, tout comme Léon Tolstoï, dont on peut dire que son "Anna Karenine" est, à mon sens, un manifeste quasi féministe, et qui a été bien cruel avec sa propre épouse, Sophie Bers, qu'il n'a pas ménagée. Mais sans doute en va-t-il ainsi de l'art et de la vie.







Croisset -  Seine Maritime - Maison où Gustave Flaubert écrivit la plus grande partie de son oeuvre




Christine Filiod-Bres
août 2013 

mardi 17 septembre 2013

Poésie




Vous me traitez bien mal


Vous me traitez bien mal
Et je ne sais pourquoi
Voilà tout mon tourment

Qu'ai-je dit, qu'ai-je fait
Pour parfois vous déplaire
Moi qui vous révère tant

Nulle grâce à vos yeux
Vous vous donnez si peu
Pour après vous reprendre

Serai-je encore longtemps
Captive de vos humeurs
Vos mystères me tuent

Il ne tiendrait qu'à moi
Qu'enfin ma douleur cesse
Mais j'y reviens encore

De votre emprise trouble
Qui me délivrera
Enchaînée que je suis

Un jour, un jour, je sais
Je m'en irai enfin
Loin des yeux, loin du coeur

La vie sera plus terne
Mais je serai enfin
Apaisée et sereine


Vassili Dmitrievitch Polenov - 1844 - 1927 -  L'Etang






Christine Filiod-Bres
septembre 2013






lundi 16 septembre 2013

De tout, un peu ...





Lumière pâle de Venise




Je me souviendrai toujours de ma première arrivée à Venise. Au petit matin, descendant du train de nuit, je pris le vaporetto, pour remonter le Grand Canal. C'est là que je fus submergée par la beauté à l'état pur. Un trouble s'empara de moi, et c'est bien des années plus tard, que j'éprouvai à peu près le même, un matin très tôt, au Parthenon d'Athènes.

Mais tout autant que la beauté de la pierre des palais, des églises, des places, et des ruelles, ce fut la lumière de Venise, à nulle autre pareille, qui me toucha profondément. Lumière opalescente, presque cotonneuse, et teintée parfois de ce bleu délavé si doux et apaisant.

Depuis, je suis revenue plusieurs fois à Venise, où l'arrivée par la mer fut aussi bouleversante. Parmi les bruits de la lagune, le ballet perpétuel des bateaux, qui convergeaient vers la cité des Doges, était un spectacle exaltant.

A la vision de toute cette splendeur, je me souviens avoir pensé que la fin du monde pouvait advenir, je me moquais de ma disparition et celle de mes semblables, mais je ne voulais pas que disparût Venise, et qu'elle restât à jamais figée dans sa beauté suprême.


Christine Filiod-Bres
septembre 2013




Photo P. Buiret



lundi 9 septembre 2013

Cinéma en DVD







Jours de pêche en Patagonie
Ricardo SORIN - Argentine



Ceux qui ont lu Bruce Chatwin, savent un peu ce qu'il en est de la Patagonie et de ses paysages sauvages du bout du monde. Ils sont très présents  dans le dernier film de l'argentin Ricardo Sorin, qui nous avait déjà offert le merveilleux "Bombon el perro", sorte d'ovni incroyable, dont les héros étaient un chien placide et son maître, naïf et bienveillant.



On retrouve ici cet esprit de gentillesse, teinté d'humour doux amer, qui est la marque des films de Ricardo Sorin, notamment dans la description des rapports humains, simples et chaleureux, mais réservés, ce qui, au moins pour cette raison, mérite que l'on voit ce film, tant nos jungles urbaines nous apparaissent encore davantage dépourvues d'humanité.



Le héros, un homme d'une cinquantaine d'années, venu de Buenos Aires pour quelques jours de vacances, suite à un accident de santé, arrive en Patagonie pour pêcher le requin. Mais on verra bientôt que d'autres motivations semblent l'avoir attiré dans la petite ville côtière de Puerto Deseado.



Je ne dévoilerai pas davantage l'histoire de ce film émouvant et empreint d'une grande humanité, à travers une galerie de personnages atypiques. L'acteur principal Alejandro Awada, est excellent en homme qui tente de se donner une seconde chance, et tous les rôles secondaires sont également très bien tenus par des acteurs qui, pour la plupart, ne sont pas professionnels.



Le cinéma argentin, pourtant doté de peu de moyens, produit des films remarquables et nous prouve, une fois de plus, qu'un film c'est avant tout une bonne histoire, de belles images, un scénario bien construit, avec un point de vue honnête sur le cinéma.



Il n'y a pas un plan de trop, et la photographie magnifique, nous donne envie de prendre notre sac à dos, et de nous embarquer immédiatement, sur un cargo, en partance pour la Patagonie.



Jours de pêche en Patagonie
Ricardo Sorin - 2012 - En DVD  




Peinture





Et si on laissait tranquille Edward HOPPER !



J'ai appris récemment, que le fameux tableau d'Edward HOPPER, "Nighthawks", était actuellement projeté en 3D dans une vitrine, au pied d'un ancien gratte-ciel de New York.


Ce serait bien qu'on laisse un peu tranquille Edward Hopper, dont les toiles, du train où vont les choses, vont se retrouver reproduites, sur les tasses, les stylos, les coussins, les plateaux-repas, à l'instar d'une Marilyn Monroe ou d'une Audrey Hepburn, dont l'image est déclinée partout ad nauseam. Pour ne rien dire d' Ernesto Guevara, dont la figure symbolique, est totalement dévoyée. On peut d'ailleurs se demander ce qu'il en penserait, s'il revenait en ce monde, lui qui avait abandonné le pouvoir pour s'engager dans une aventure incertaine, et finir dans les circonstances tragiques que l'on sait. Il faut aussi évoquer le pauvre Vincent Van Gogh, qui ne vendit pratiquement pas une toile de son vivant, et dont l'exploitation marchande est orchestrée à l'échelle planétaire.


Même si Hector Obalk a dit que Hopper n'était pas un bon peintre, ce dont je ne lui tiens absolument pas rigueur, son oeuvre se suffit largement à elle-même, et n'a nul besoin d'être la proie de cette marchandisation rampante.



Edward Hopper - "Nighthawks" -  1942 - The Art Institute of Chicago





Glenn Miller & his orchestra - Moonlight serenade - 1939




Christine Filiod-Bres - 9 septembre 2013

samedi 7 septembre 2013

vendredi 6 septembre 2013

De tout un peu



Kate Moss


 Kate ... belle,  différente, atypique, une icône absolue










Photographie





Série "Incursions" - juillet et août 2013






Photo Christine Filiod-Bres - Série Incursions - juillet 2013 -  Guerrier caché



Photo Christine Filiod-Bres - Série "Incursions" - juillet 2013 - Petit ange caché 



Photo Christine Filiod-Bres - Série "Incursions" - août 2013 - Eloge de l'ombre - 




Photo Christine Filiod-Bres - Série "Incursions" - août 2013 - Home sweet home


jeudi 5 septembre 2013

Poésie


A la mémoire de Pascal B.



Caspar David Friedrich



Histoire vraie


D'où vient que cette nuit
Entre toutes les nuits
Elle rêva qu'il mourait

Dix années de silence
Sans un signe, une lettre
La rupture et l'absence

Imprégnée jusqu'à l'os
La mémoire de l'amour
A déchiré la nuit 

Ses yeux exorbités
Et le coeur à tout rompre
Il mourait, il mourait Ô Lord

Et soudain, un sanglot
Impétueux torrent
Effrayant et sauvage

Le jour était venu
Un malaise insondable
Le vague, le dérisoire

Enfin, la messagère
A la main, ce journal
Il n'était plus que cendres

D'où vient que cette nuit
Réminiscence obscure
Elle rêva qu'il mourait








Christine Filiod-Bres - 5 septembre 2013 

mercredi 4 septembre 2013

Littérature - Notule








Patrick MODIANO







Patrick Modiano sait mieux que personne évoquer la  mélancolie d'un téléphone qui sonne dans le vide d'un improbable appartement parisien.

Les déambulations de ses personnages, à l'identité trop fragile, dans le Paris de l'Occupation et de l'après-guerre sont fascinantes, et ses héroïnes un peu déclassées, ont rendez-vous avec des hommes énigmatiques, qui les laisseront désenchantées.



Christine Filiod-Bres

2013













Littérature






Rien ne s'oppose à la nuit
Delphine de Vigan





"Prends garde à la douceur des choses". Le beau poème de Paul-Jean Toulet pourrait être la métaphore parfaite pour évoquer le beau livre qu'est "Rien ne s'oppose à la nuit".


Delphine de Vigan avait déjà fait forte impression avec "Les heures souterraines", où elle évoquait le terrible problème du harcèlement dans l'entreprise, et j'ai retrouvé cette même émotion dans ce dernier roman, singulier et pénétrant jusqu'à l'os.


Chronique familiale, des années cinquante à nos jours, à travers le portrait magnifique d'une mère, victime de la maladie bipolaire. L'auteur, qui raconte sa propre histoire, nous dit qu'il faut se défier de ces familles joyeuses, où tout semble parfait, car chacun sait que les apparences sont trompeuses, et l'enfer souvent pavé de bonnes intentions.


Le récit nous démontre aussi que nous ne sommes pas toujours les artisans de notre destin, que l'individu est souvent le produit de son époque, de la société où il vit, et que nous nous rejoignons tous dans ce maelström qu'est notre présence en ce monde.

Un livre très fort, un livre d'amour et de mort, comme il y en a peu, mais de vie aussi, la vie qui est là, dans son horreur et sa beauté. Une oeuvre dont on ne sort pas indemne, mais c'est le prix à payer pour s'approcher de la littérature, et il ne faut pas craindre de se brûler à sa flamme.



Delphine de Vigan
Editions J.C. Lattes
Le livre de poche


Christine Filiod-Bres - 14.03.2013